Forêt avec arbres nus et troncs au sol.

Forêts et tempêtes

Last Updated: 23 février 2024

En retraçant l’histoire des grandes tempêtes dans les forêts d’Europe occidentale, le géographe D. Doll montre que leur répartition dans le temps est très irrégulière. À l’échelle du siècle, des séquences rapprochées de forts coups de vent et de grands chablis ‘ contrastent avec les décennies de calme relatif (D. Doll, 1991).

L’ensemble des tempêtes de février 1990 a provoqué dans les parcs de la région parisienne de très importants dommages. Dans celui de Versailles, 1500 arbres furent abattus par le vent, rendant la restauration totale du parc indispensable: 5 000 arbres devront être remplacés, pour un investissement de 250 millions de francs étalé sur vingt ans’. Dans les bois de Boulogne et de Vincennes, plusieurs milliers d’arbres furent également abattus ou cassés.

Les trois tempêtes successives de février ont jeté à bas 2 millions de mètres cubes de biomasse ligneuse dans les massifs gérés par l’Office national de la forêt: Lorraine, Picardie, Normandie, Alsace, Centre, Île-de-France, Nord et Pas-de-Calais. Ce sont surtout des hêtres, des résineux et dans une moindre mesure des chênes qui ont été brisés ou déracinés dans l’ensemble des massifs forestiers français par les tempêtes de 1990, soit au total près de huit millions d’arbres.  Spectaculaires, ces dommages ne sont pas catastrophiques. Les arbres abattus représentent moins de 1% des arbres de la forêt française. Néanmoins, l’Office national des forêts a dû mettre en vente quelques millions de mètres cubes supplémentaires de bois. Ces dégâts sont sensiblement équivalents à ceux provoqués par les tempêtes de novembre 1982, notamment dans le Massif central, et de 1987 en Bretagne et en Normandie. Les seuils retenus pour réaliser ce tableau ne doivent pas laisser dans l’ombre les coups de vent plus localisés mais néanmoins destructeurs qui ont émaillé les cent dernières années. Ainsi, au tournant du siècle, le nord-est de la France a subi, avant la terrible tempête de 1902, d’importants coups de vent en 1879, 1881, 1884, 1892, 1899 et 1901. La première moitié du XXeme siècle est ensuite épargnée par les tempêtes de grande envergure, malgré quelques coups de vent d’intensité moyenne, comme dans le Jura en 1927 et en 1946.
Lors de la tempête qui souffla dans la nuit du 12 au 13 décembre 1952 sur les régions du Centre et du Nord-Est, des vents de 185 km/h furent enregistrés à Tours, de 120 km/h à Nevers et 150 km/h à Paris‑tour Eiffel. Puis, de février à juin 1967, une longue série de dépressions balayèrent la France. Les fronts de tempêtes engendrent des vents soufflant fréquemment en rafales de plus de 100 km/h, certaines atteignant 180 200 km/h en Forêt Noire méridionale.

Un événement de cette ampleur ne se produit, d’après D. Doll, qu’une fois par siècle en moyenne. Cinq ans plus tard, l’Allemagne subit en novembre un «ouragan 1» encore plus dévastateur, mais la France est épargnée. Quelques mois plus tôt de cette année 1972, le Jura avait été frappé par un très violent « coup de bise » : près de 680 000 m’ de bois sont renversés. Puis en 1976, la pinède landaise subit à son tour les assauts dÉole. Les pointes de vent enregistrées à Bordeaux (133 km/h) ou au Cap Ferret (140 km/h), quoique impressionnantes, ne sont pas si rares puisque les statistiques en font appraître de semblables en moyenne tous les trois ans. Ce qui est exceptionnel, et à l’origine de la destruction de plusieurs millions de pins, c’est la durée de la tempête et les valeurs atteintes par le vent moyen 2, pratiquement jamais enregistrées dans la région.

La tempête de novembre 1982 fut également exceptionnelle par sa durée – deux jours de vents forts – et par son étendue. La quasi-totalité du Massif central subit, à un moment ou à un autre, un vent d’au moins 120 km/h, parfois nettement plus. 12 millions de mètres cubes de bois sont abattus ou cassés, à 90 % des résineux, dont 7 millions en Auvergne. En Isère, 50 000 noyers sont rasés. Cette tempête peu commune n’est pourtant que la première d’une série qui a commotionné les forêts d’Europe au cours de la décennie, sans jamais épargner la France.

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