Tempête du 26 décembre 1999 – Lothar
Introduction
Imprévisibles et effroyables. Les deux tempêtes qui ont balayé la France et une bonne partie de l’Europe le week-end de Noël ont surpris tout le monde. Météo France, pompiers, sécurité civile, habitants : tous ont été pris au dépourvu par les intempéries. Les rafales ont soufflé à 184 km/h à l’Île d’Ouessant, à 173 km/h en Île-de-France, à plus de 200 km/h sur l’Île de Ré.
Quatre-vingt huit morts au total dimanche 26 décembre et lundi 27 dans l’Hexagone (sans oublier les 4 victimes du mauvais temps du samedi 25), plus d’une soixantaine de victimes dans le reste de l’Europe : en quelques heures seulement, les tempêtes se sont révélées meurtrières, entraînant dans leur sillage des dégâts matériels inouïs. Quelques exemples : trois millions et demi de foyers privés d’électricité ou de chauffage un moment ou à un autre, des centaines de voitures endommagées par des chutes d’arbres, plus de 5 000 interventions des pompiers à Paris, des dizaines de milliers d’arbres déracinés dans tout le pays, 500 MF de dégâts de toitures dans la capitale, plusieurs monuments historiques abîmés… La liste pourrait encore s’allonger. Le bilan est lourd et impressionnant. Mais c’est une catastrophe toute relative à l’échelle planétaire, bien loin des 50 000 personnes tuées au Venezuela après les pluies diluviennes du 15 décembre dernier…
« Un phénomène à l’extrême du possible »
Les rafales de vent ont atteint des valeurs record en Île-de-France, avec notamment une vitesse de 173 km/h, dimanche à Orly et 184 km/h à l’Île d’Ouessant. Elles font partie d’un « phénomène à l’extrême du possible en Europe », indique Météo-France.
« Historique et exceptionnelle ». Hubert Brunet, chef prévisionniste à Météo France, n’hésite pas à utiliser des termes forts pour qualifier la tempête du 25 décembre. « Dans les archives de la météorologie, il n’y a aucune trace de phénomène aussi violent ».
« Si par sa violence elle peut rappeler les phénomènes tropicaux, qui sont cependant beaucoup plus violents », notamment aux États-unis, cette dépression ne peut « pas être comparée à un cyclone, qui se déplace très lentement ».
24 heures pour traverser l’Atlantique, 8 heures pour balayer l’Hexagone
Hubert Brunet insiste surtout sur la rapidité de formation de cette tempête. « C’est une dépression qui s’est creusée, très fortement et de manière très rapide ». Fait rare : « elle a été plus intense à Paris que sur les côtes de l’Atlantique ou de la Manche ».
« Elle s’est formée samedi après-midi au large de Terre-Neuve. Elle a traversé l’Atlantique en moins de 24 heures, c’est l’extrême de ce qui peut se passer dans les pays tempérés ».
En France, c’est Perros-Guirec qui a été touché en premier à 4h dimanche. Rouen a vu les vents déferler à 7 h, Charleville-Mézières à 10 h. Quelques heures plus tard, ils passaient les frontières allemande et suisse. Les deux pays ont été largement touchés. Les vents sont allés mourir en Autriche, où leur violence a encore provoqué de nombreux dégâts.
F.A.
Europe : plus de 100 morts
Les deux tempêtes qui ont touché la France après Nöel ont aussi frappé une grande partie de l’Europe. Pas moins de 88 morts en France, et quasi-autant en Suisse, Allemagne, Espagne et Grande-Bretagne.
En Allemagne, au moins dix-sept personnes sont mortes et une centaine blessées en raison de chutes d’arbres principalement. Dans le seul Land du Bade-Wurtemberg, onze personnes ont trouvé la mort, trois en Bavière et une en Rhénanie-Palatinat. Les trafics ferroviaire, routier et aérien ont étés fortement perturbés.
En Suisse, la tempête a causé la mort d’au moins onze personnes et fait plusieurs blessés, pour la plupart des piétons ou des automobilistes écrasés par la chute d’arbres.
En Autriche, la tempête a fait plusieurs blessés dans le centre du pays. Trois avalanches ont fait au moins douze morts et un blessé.
En Belgique, de fortes pluies sont tombées, rendant les routes particulièrement dangereuses. En Italie, une autoroute du centre du pays a été fermée au trafic et la ligne de chemin de fer Bologne Rimini a été interrompue pendant deux heures. En Grande-Bretagne et en Irlande, au moins cinq personnes sont décédées. Même l’Espagne a été touchée. Elle dénombre cinq victimes.
En janvier 1990, une tempête avait balayé toute l’Europe, tuant 200 personnes, dont 109 en Grande-Bretagne et 81 en France.
Tempête Lothar de dimanche : 53 morts
L’Ille-et-Vilaine a payé le plus lourd tribut. Elle compte 5 morts, dont 4 dans un accident de la route sur la N12 entre Saint-Brieuc et Rennes. Même bilan dans le Calvados.
Quatre personnes sont mortes dans la Manche. La Moselle dénombre 3 morts. Deux personnes ont péri dans les deux départements du Doubs, dans le Loiret, dans l’Orne, dans le Bas-Rhin, les Vosges et l’Yonne.
Le bilan s’établit à un mort dans les départements suivants : Aisne, Ardennes, Eure, Jura, Maine-et-Loire, Marne, Haute-Marne, Meurthe-et-Moselle, Haut-Rhin, Haute-Saône, Savoie, Seine-Maritime, Territoire de Belfort.
Cinq départements franciliens ont également à déplorer 11 victimes : 5 en Seine-et-Marne (dont un maire-adjoint de Quincy-Voisins, renversé par un véhicule de secours), deux en Seine-St-Denis, une dans l’Essonne, une dans le parc du château de Versailles (Yvelines). Dramatique, un couple est mort après l’effondrement d’une partie de son appartement à Argenteuil (Val-d’Oise). Son bébé a été sauvé.
92 morts au total avec le mauvais temps du jour de Noël
Samedi, le bilan du mauvais temps s’élevait à 4 morts : une femme tombée dans le port du Havre (Seine-Maritime) et 3 dans la Manche, dont deux membres d’une même famille tuée dans leur maison à Cardonville.
Au total, le mauvais temps qui a sévit sur le pays le week-end de Noël est donc à l’origine de 92 décès.
F.A.
Des monuments historiques abîmés par la tempête
Sainte-Chapelle, Notre-Dame-de-Paris, Mont-Saint-Michel, Panthéon … : de nombreux monuments historiques ont été fortement touchés par les intempéries. Les arbres du parc du château de Versailles, des bois de Boulogne et de Vincennes ont été déracinés.
1999 plus fort que 1792. Le moulin de Valmy, dans la Marne, symbole de la victoire de l’armée révolutionnaire française face aux Austro-Prussiens en 1792, s’est effondré. Le monument avait été restauré en 1998 après avoir souffert de plusieurs tempêtes au début des années 1990. Le ministre de la Défense Alain Richard avait déclaré, au moment de son inauguration, qu’il « symbolisait la constitution de l’armée-nation » face aux invasions étrangères. L’invasion météo est donc plus forte !
L’Abbaye du Mont-Saint-Michel, le fleuron du site naturel et culturel de la Manche, a subi des rafales à plus de 160 km/h. Lors du coup de vent, les toitures du transept roman de l’abbaye ont été très abîmées. Les verrières du réfectoire ont particulièrement souffert : « l’une a explosé et le vent qui s’est engouffré a fait exploser les autres » explique le père Fournier, le recteur du sanctuaire. Les pinacles sont tombés sur le chemin de ronde, abîmant la toiture du choeur gothique flamboyant des XVe et XVIe siècles. « Il y a des ardoises partout dans les escaliers, toutes les faîtières en plomb sont retournées ou prêtes à se détacher » ajoute le père Fournier.
Réfection complète du dôme du Panthéon ?
A Paris, la cathédrale Notre-Dame-de-Paris venait juste d’être restaurée. Elle n’a pas résisté aux vents qui ont soufflé à plus de 150 km/h. Des blocs de pierre jonchent le premier étage des terrasses hautes et ont provoqué des trous béants. Six pinacles (petits clochetons qui servent à charger les arcs-boutants) sont tombés sur la nef et la sacristie. Des travaux d’urgence vont être lancés prochainement.
Au Panthéon, 15 feuilles de plomb de 100 kg chacune ont été arrachées au dôme. Quinze autres feuilles doivent être remplacées, froissées comme du papier après le passage de la tornade. Selon le même expert, la réparation à court terme coûterait de 4 à 5 MF. Mais on pense refaire complètement la couverture du dôme, pour une somme de 40 MF. C’est la 4e fois que le dôme est endommagé, après 1990, 1991 et 1994.
A la Sainte-Chapelle, située dans l’enceinte du palais de Justice, les dégâts sont moins importants. Le haut pinacle gauche situé sur la façade nord s’est écroulé sur un plus petit, et les deux morceaux ont ricoché sur le mur jusqu’à détruire une partie circulaire du vitrail de la Genèse de la Chapelle Haute. Cette portion du vitrail avait été déjà restaurée au 19ème siècle.
Fenêtres cassées et arbres déracinés à Versailles
Les toitures du château de Versailles ont également souffert. Des plaques de plomb ont été soulevées par les rafales et certaines sont tombées dans la cour d’honneur. « Nous avons des zones fragilisées sur les toitures des deux ailes et du corps central », déplore M. Astier. Des dizaines de carreaux ont volé en éclats sous la force du vent et des fenêtres ont été arrachées comme celle de la salle 1830. Selon une première estimation, M. Astier chiffre entre « 50 et 60 millions de francs, soit le budget annuel d’investissement du domaine » le montant des dégâts.
Même constat de désolation pour la flore. Au moins 10 000 arbres du parc du château ont été déracinés. « Des zones entières comme le hameau de la Reine ont été déboisées et tous les plus anciens arbres comme l’arbre de Jussieu ou celui planté par Napoléon sont au tapis » indique Hubert Astier, président de l’Etablissement public du domaine de Versailles.
Dans les bois de Boulogne et de Vincennes, près de la moitié des arbres ont été détruits par la tempête de dimanche. Au total, cela représente plus de 140.000 arbres. « C’est un désastre, une dévastation. « Il faudra environ trois ans pour déblayer ces bois » explique Françoise de Panafieu, adjoint des espaces verts à la mairie de Paris. Et pour reconstituer le patrimoine vert, il faudra compter des décennies….
F.A.
Les causes de la tempête
La tempête de vitesse du vent de 1999 a été provoquée par une combinaison de facteurs météorologiques.
1. Gradient de pression atmosphérique élevé : La tempête Lothar s’est formée en raison d’un gradient de pression atmosphérique élevé entre une zone de haute pression sur l’Atlantique Nord et une zone de basse pression sur l’Europe continentale. Ce gradient de pression a créé des vents forts qui ont alimenté la tempête.
2. Jet stream puissant : La tempête Lothar a également été alimentée par un jet stream puissant (400/500km/h), qui est un courant-jet d’altitude. Ce jet stream a transporté de l’air chaud et humide depuis l’océan Atlantique vers l’Europe, ce qui a contribué à intensifier la tempête.
Les conséquences de la tempête
Les conséquences de la tempête de 1999 ont été dévastatrices. Des vents violents ont causé des dommages importants aux infrastructures, notamment aux lignes électriques, aux bâtiments et aux routes. De nombreuses régions ont également subi des inondations dues à la combinaison de fortes pluies et de vents violents. En outre, les vents violents ont entraîné des perturbations majeures dans les transports, notamment l’annulation de vols et la fermeture de routes. Ces conséquences ont eu un impact économique significatif sur les régions touchées.
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